CategoriesNon classé

Habib, une (belle) histoire pas comme les autres

C’est déjà LA belle histoire de cet Open d’Australie. Si Hady Habib était un film, il serait un “feel good movie”. Ces longs métrages qui se caractérisent par la présence de personnages attachants, dont le destin et la personnalité ne peuvent laisser indifférents. C’est un peu l’histoire de Habib, représentant d’un pays, le Liban, qui n’existait pas sur la carte du tennis mondial. Il a déjà écrit l’histoire. La sienne, mais aussi celle de son pays.

Dans l’ère Open, jamais un joueur libanais n’avait figuré dans le tableau final d’un tournoi du Grand Chelem. La dernière fois, c’était en 1962, un autre temps, celui du tennis amateur, quand Karim Fawaz avait disputé l’US Open sur le gazon de Forest Hills. Il avait été éliminé d’entrée. 63 ans plus tard, Hady Habib remet le Liban à l’honneur et, en prime, il lui a offert une victoire historique en battant le Chinois Bu Yunchaokete (67e mondial) en trois sets, dimanche.

Le tennis est un sport individuel, mais pour Habib, porter les couleurs du Liban est tout sauf anodin. “Beaucoup de monde me demande pourquoi j’ai choisi de représenter le Liban”, admet-t-il. “Mon père est libanais, a-t-il expliqué dimanche après sa victoire contre Bu face à une salle de presse qui, dans son immense majorité, le découvrait. De 6 à 12 ans, j’ai vécu au Liban, je suis allé à l’école là-bas. J’ai commencé à jouer au tennis au Liban. Et j’ai toujours beaucoup d’amis là-bas. Mes parents y vivent toujours. Alors j’ai choisi de représenter le Liban et depuis que j’ai 15 ans, je le représente en Coupe Davis.”

picture

Ambiance de folie et page d’histoire : Habib s’envole au 2e tour

Video credit: Eurosport

Représenter un petit pays comme le Liban est quelque chose d’important pour moi

Né en 1998 aux Etats-Unis, à Houston, il aurait pu représenter les Etats-Unis. Sa famille est d’ailleurs revenue un temps au pays de l’Oncle Sam. Hady avait 12 ans. Il y a passé le reste de sa jeunesse, effectuant ses études dans son Texas natal, à l’université Texas A&M. “Mais représenter un petit pays comme le Liban est quelque chose d’important pour moi et j’ai pris cette décision très jeune. C’est le pays de mon père et c’est lui qui a voulu faire de moi un joueur de tennis, même s’il n’a jamais pratiqué ce sport“, a-t-il raconté.

A 22 ans, il a décidé de se consacrer à fond au tennis. Longtemps dans la peau du galérien qui végète entre la 400e et la 700e place, sans grands moyens à sa disposition. “La Fédération libanaise de tennis fait de son mieux pour nous aider, mais vu la faillite de l’État libanais, il ne faut pas s’attendre à des miracles“, expliquait-il fin 2021.

Cet Open d’Australie va marquer un avant et un après pour lui. D’abord parce que, quoi qu’il arrive il va connaître son meilleur classement en quittant Melbourne, au pire en se frayant pour la première fois un chemin parmi les 200 premiers mondiaux. Financièrement, la donne va changer également. Un deuxième tour en Australie, c’est 125 000 dollars. “Ça va énormément m’aider, avoue-t-il. Je vais pouvoir investir dans ma carrière, dans mon staff. Peut-être agrandir l’équipe autour de moi. Oui, je pense que ça va me permettre de progresser.”

Mercredi, contre Ugo Humbert, il n’aura évidemment rien à perdre, face à un membre du Top 15. Ce ne sera pas une première pour lui d’affronter un ténor. A Roland-Garros, lors des derniers Jeux Olympiques, Habib avait eu l’honneur d’affronter Carlos Alcaraz (défaite 6-3, 6-1). “Il y avait sans aucun doute plus de spectateurs lors du match contre Alcaraz, mais bien plus de Libanais dans le public aujourd’hui“, a-t-il souri à propos de son duel contre Bu.

picture

Humbert – Gigante : Les temps forts

Video credit: Eurosport

Ambiance de Coupe Davis

Un match disputé dans une ambiance effectivement digne de la Coupe Davis, sur un court 13 dont les tribunes étaient bien garnies par la diaspora libanaise. “J’ai un peu de famille à Sydney qui était venue pour voir le match, confie Hadad Habib. C’était tellement particulier pour moi de voir tous les membres de la communauté libanaise me soutenir, j’ai senti cette énergie. Ils m’ont clairement aidé à aller chercher la victoire. Merci au peuple libanais pour son soutien ces dernières semaines, à Melbourne ou ailleurs dans le monde. Ça m’a donné tellement d’énergie pour continuer à me battre.”

Si tout le monde le découvre maintenant, le déclic a vraiment eu lieu pour lui à la fin du mois de novembre dernier, lors de sa victoire à Temuco, au Chili, en challenger. “Après le Chili, j’ai très vite enchaîné sur la courte préparation pour 2025, donc je n’ai pas eu le temps de couper mais ça payé finalement“, dit Hady Habib. Jusqu’à se découvrir des ambitions et surtout comprendre qu’il est à sa place ici, au sein du gratin.

Les choses changent pour lui en ce moment, dans le bon sens. Mais il ne gagne pas que pour lui. “C’est une victoire énorme pour moi, surtout avec tout ce que le pays traverse, rappelle-t-il. Si je peux apporter un tout petit peu de positif, avec tout ce qu’il s’est passé. Il y a la guerre, évidemment. Et nous avons eu bien d’autres problèmes. C’est bien pour le Liban et pour les gens.” Hady Habib n’oublie ni qui il est ni d’où il vient.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *