C’était l’un des gros coups de l’été. Au coeur du mois d’août, le PSG avait définitivement vaincu la concurrence du Bayern Munich pour mettre la main sur Désiré Doué. Et signé au passage un joli chèque de 50 millions d’euros (hors bonus) pour convaincre Rennes de lâcher sa pépite de 19 ans. La somme laissait croire que Paris ne misait pas seulement sur un potentiel d’avenir. Le natif d’Angers semblait en mesure de s’imposer rapidement. Qu’il soit le profil le plus offensif parmi les recrues estivales n’indiquait pas contraire, dans un secteur délesté par le départ de Kylian Mbappé.

Près de quatre mois plus tard, le constat laisse une impression radicalement différente de la tendance qui se dessinait l’été dernier. Des quatre joueurs recrutés par le PSG sur le mercato, Doué est le moins utilisé. Willian Pacho (1377 minutes toutes compétitions confondues) et João Neves (1302 minutes) figurent dans le Top 3 des éléments les plus sollicités par Luis Enrique. Matvey Safonov (540 minutes), plutôt présenté comme la doublure de Gianluigi Donnarumma, a plus joué que l’ex-Rennais, même s’il a profité de la blessure du portier italien en septembre pour enchaîner les titularisations.

Doué, lui, n’a eu droit qu’à 500 minutes. Ce qui le place juste devant Randal Kolo Muani (425 minutes) et Milan Skriniar (381 minutes), deux joueurs manifestement en disgrâce dans la capitale, sur la répartition des temps de jeu au sein de l’effectif du PSG. Pas vraiment le chiffre attendu par rapport promesses de Luis Enrique au mois d’août. “Il va beaucoup nous aider, avait-il assuré. C’est un très grand renfort et je suis très content qu’il ait accepté de signer chez nous. L’adaptation est plus facile, car il n’y a pas la barrière de la langue. Il vient du pays et il connaît le club.”

Mais Doué n’a pas eu cet impact que les paroles de son entraîneur laissaient présager. Il n’a été décisif qu’une fois, avec une offrande délivrée à Randal Kolo Muani dès son deuxième match avec le PSG, face à Lille (1-3). Contrarié par une blessure à la cheville en septembre, l’international Espoirs reste essentiellement utilisé en sortie de banc avec des rôles variés. Symboliquement, il a été aligné à trois postes différents sur ses quatre titularisations, en faux neuf à Reims (1-1), sur l’aile droite contre Arsenal (2-0) et Strasbourg (4-2) et dans l’entrejeu contre Toulouse (3-0).

Ce n’est pas une surprise tant Luis Enrique compte sur la polyvalence de ses joueurs. Il a souvent loué celle de Doué. Mais cet atout n’en est pas forcément un dans la phase d’adaptation de l’ancien Rennais. C’est plus compliqué pour lui de prendre des repères au sein d’un collectif particulier, et qu’il n’a découvert que l’été dernier, sans être stabilisé dans un rôle. “Il est possible que son poste idéal soit au milieu et pas en tant que joueur offensif, mais j’essaie de réveiller chez lui l’envie de comprendre comment jouer à plusieurs postes“, avançait l’entraîneur parisien en novembre.

Pas si simple à assimiler pour Doué, qui doit aussi s’adapter aux exigences d’un club très ambitieux. “Il lui faut la mentalité adéquate pour aider l’équipe“, disait son coach le mois dernier, laissant entendre que son joueur avait du travail dans ce domaine. Cela peut expliquer cette utilisation limitée qui n’aide pas à son développement. Ses titularisations sont trop espacées et son temps de jeu varie trop largement pour lui permettre d’enchaîner, à l’image de ses trois dernières sorties : 60 minutes contre Toulouse, 0 contre le Bayern, 17 contre Nantes. Difficile de trouver son rythme dans ces conditions.

Luis Enrique ne le place pas dans des conditions optimales, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle Doué se fait désirer. Il n’a que 19 ans et il incarne en partie un projet qui a justifié l’investissement du PSG à son égard. Les erreurs font partie du processus et il est le premier à en être conscient. “Offensivement, il faut que je m’exprime au mieux, que je trouve mes partenaires pour créer du danger, reconnaissait-il après la victoire contre Lens (1-0). J’essaie de m’adapter au jeu du PSG, de lire les situations au mieux. Je suis encore jeune, il y a des erreurs, de bonnes choses aussi.”

L’impression visuelle reste celle d’un joueur en difficulté pour trouver son positionnement et créer des différences. Elle a un côté relativement trompeur. Au PSG, Doué est celui qui tente (7,56) et réussit le plus de dribbles (3,33) sur des statistiques rapportées à 90 minutes en Ligue 1. Son temps de jeu est encore trop faible pour que cet impact soit significatif. Mais cela montre tout ce que l’ancien Rennais peut apporter par sa capacité d’élimination et de changement de rythme dans une animation offensive trop stéréotypée. Une petite touche de magie qui ne ferait pas de mal à Paris.